Beaulieu-lès-Loches
Pierre-Alexandre REMY
La Chapelle-Basse-Mer (44)
Quelques mots sur l'artiste
La notion du contexte au sens large, l’inscription dans un lieu, les données qui le constituent, sont à l’origine de la pratique artistique de Pierre-Alexandre Remy.
Résolument tournée vers une interprétation du paysage, sa sculpture tend à se développer dans l’espace qu’ elle vient habiter, multipliant les points de vue divers sur elle même et simultanément sur son environnement.
Plusieurs interventions dans l’espace public ont construit sa pratique sculpturale vers ces notions d’articulation et d’équilibre entre un site et un objet. Il cherche une bonne intelligence entre ces deux données, il nourrit sa réflexion de ce que propose le lieu, il l’étudie et l’écoute pour essayer de retranscrire à travers la sculpture ce qui en fait son irréductibilité et par là nommer et chorégraphier son usage. Une nouvelle réalisation se dessine ainsi par ce que propose un contexte géographiquement, physiquement, mais encore dans les activités qui s’y trouvent. Sa première approche d’un lieu se fait par la lecture de sa carte, qu'il considère comme le portrait de celui-ci. Elle l’aide à reconnaître sa forme physique, et le pousse à le découvrir en l’arpentant.
Pierre-Alexandre Remy part alors à sa découverte par la marche et la sculpture prend ainsi corps dans une ligne d’acier cintrée, tracé de cette marche. La notion de ballade sculpturale, comme forme artistique singulière, au même titre qu’il existe une ballade musicale ou chorégraphique est au cœur de ses réalisations actuelles.
Le projet
Les données géophysiques singulières des Prairies au Roy m’intéressent particulièrement ici. En effet classé Espace Naturel Sensible, le site est pourtant un paysage construit et façonné par l’Homme, où l’eau est une donnée de commerce, d’échange et de pouvoir, qui a structuré les prairies actuelles.
Des éléments irréductibles viennent définir la sculpture à construire, entre le dessin naturel et serpentin de l’Indre, le tracé droit et construit du canal, et le chemin trait d’union entre les deux communes de Loches et Beaulieu, la partition prairiale. Cette présence de l’eau, du flux perpétuel va définir la mise en forme du projet.
Lors de ma découverte du lieu, à la fin de l’automne, le site était habité à plein de cette matière qui l’a dessiné et modelé. En effet l’eau empêchait de suivre les chemins dessinés pour l’arpenter. Il fallait rebrousser chemin pour traverser la prairie… L’eau perdait alors sa qualité d’outil au service de l’activité pour prendre son pouvoir et redessiner le site et son usage.
Cette présence expansive, envahissante, encerclante, le déversement sonore de son flux décuplé, au passage des moulins et écluses, ont dirigé la pensée d’un projet cherchant à donner forme au mouvement incessant , l’écoulement libre et perpétuel.
Bien qu’elle ait été canalisée et dirigée, l’eau s’impose comme la seule maîtresse du lieu. C’est elle qui va articuler l’objet à construire ; qui prendra place dans l’une de ces prairies, le long du chemin entre Loches et Beaulieu, accentuant ainsi ce mouvement permanent en une mise en abîme du motif dans le motif.
Une structure en bois massif, évoquant les moulins à aube multiples sur le lieu, prend forme dans mon esprit et s’articule avec les éléments cartographiques constitutifs du site. Fixée au sol par des pieux du même matériau, elle respecte les sols protégés et fragiles et permet le déploiement exubérant de volutes d’acier. Posée sur cette roue de châtaigner, une forme roulée, composée du parcellaire des prairies environnantes, évoque un banc de poissons, en acier galvanisé, miroitant dans un mimétisme avec l’eau débordante, et emporté par le mouvement de la roue.
Surplombant l’ensemble, le dessin de la rivière, laqué de bleu roulé lui aussi et tenant à prendre son envol dirige le regard vers le ciel grand. Comme charriée par le mouvement de la roue, une grappe de balades, formes cintrées d’acier laqué de jaune, complète la composition de cet ensemble sculptural. Le jaune des chemins tracés sur la carte, le jaune qui mélangé au bleu de la rivière, convoque le vert complémentaire du végétal environnant.
Une discussion avec Elise Genvrin lors de la visite, m’a amené à imaginer un atelier avec quelques enfants de l‘IME, usagers récurrents aventureux et précis des sentiers qui traversent la prairie. Je proposerai à un petit groupe de partir arpenter le lieu ensemble, de dessiner sur une carte leur boucle favorite et d’en composer une partition qui s’accordera avec les données géophysiques du site. Ainsi par sa composition cartographique, entre éléments subjectifs et données communes, la représentation de ses usages et son façonnage, la sculpture dessinée pour les Prairies du Roy témoignera de l’irréductibilité de ce paysage, de la joie de son usage, de l’énergie qui l’habite, et de l’activité du territoire.
Quelque chose dans la forme se met en musique, entre le rythme fluvial, la partition prairiale et les bal(l)ades mélodiques.
Légère par son dessin, telle un échassier prenant son envol, la sculpture très colorée est traversée de son environnement, articulant un trait d’union entre contexte paysager et composition plastique.
Détails techniques
hauteur :320 cm
Largeur : 280 cm
Longueur : 550 cm
Montage: 3 personnes pour une journée
La sculpture est composée de 4 groupes d’éléments différents :
1.une partie en châtaigner, fixée en terre et reprenant le dessin d’une roue à aube, évoquant la présence multiple des moulins sur
le territoire et l’énergie fluviale.
dimensions des tasseaux 45 x 60 mm.
Hauteur 200 cm/ Longeur 260 cm/ largeur 60 cm
Les éléments seront assemblés par visserie inox.
Cette partie sera fixée en terre par 6 pieds en châtaignier.
2.une partie en acier laqué bleu, roulé, reprenant le dessin de l’Indre, du canal et des divers bras d’eau.
dimensions : la ligne fait 16 cm de large et 3 mm d’épais. 360 cm x 130 cm d’encombrement global.
3. une partie en tôles d’acier galvanisé de 2 mm d’épais reprenant le parcellaire des grandes prairies. Les éléments seront roulés
et assemblés par boulonnerie inox.
dimensions: 330 x 240 cm d’encombrement global.
4. Une partie en acier laqué jaune, composée des boucles de balades assemblées par boulonnerie inox, dessinées en atelier avec les enfant de l’IME.
dimensions: environ 50 cm d’envergure pour chaque boucle en 2mm d’épaisseur. 190 x 190 cm d’encombrement global.
Préconstruite entièrement à l’atelier, la sculpture sera divisée en autant d’éléments permettant un assemblage efficace et robuste
sur le site. Le principe d’assemblage par modules et boulonnerie permettra cependant une adaptation éventuelle sur place pour
toucher au plus prêt la juste échelle et le bon encombrement dans le paysage.
Réalisations passées